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En direct d'une planète d'enfer
29 juin 2005

chute libre

L'occident est en chute libre et pour cause, au plan métaphysique, au plan de la réalité il a des millénaires de retard sur l'orient. En d'autres termes, sans plus aucun fond spirituel, l'occident est comme un arbre coupé de ses racines, condamné à très court terme: les délocalisations ne traduisent pas autre chose, un transfert de la mort vers la vie. Deux petits mille ans de suprématie et c'est déjà fini, la puissance insufflée par Jésus-Christ n'aura donc pas tenu plus longtemps que son ère, piscile; c'est le cas de le dire, le soufflé est déjà retombé, ceux qui ont reçu cette puissance phénoménale n'ont pu par eux-mêmes l'activer, ni même seulement la maintenir, ne parlons pas de l'amplifier! Et pourquoi cela? L'occident est éphémère parce qu'il ne s'est attaché qu'à l'éphémère, qu'à l'illusoire, qu'au temporaire, qu'à ce qui n'est pas, la matière, l'apparent, le physique. A partir du moment où une société se persuade que tout ce que chacun a de vie est l'étincelle de la présente incarnation coincée entre deux néants, il n'y a plus place dans pareille société que pour la faiblesse et tous les vices attenants qui ne cessent de la renforcer, égoïsme, orgueil, peur. On voit ainsi ce paradoxe: exemple criant, ce qui à l'origine était une trouvaille magnifique, l'expression d'une solidarité enthousiasmante, la sécurité sociale, est devenu aujourd'hui facteur primordial d'insécurité, synonyme de ruine pour la communauté, pourquoi? Parce que coupée de son esprit initial d'entraide positive, de générosité. Je suis presque sexagénaire, j'en parle donc à l'aise, j'ai honte de voir tous ces vieux submergés  d'égoïsme prêts à tout pour se maintenir en vie et conserver leurs privilèges surannés, bourrés de médicaments et de fric, encerclés d'infirmières et de soignants en tous genres, dont le maintien en semi-vie coûte une fortune et paralyse les jeunes. Un comble, voilà que la nouvelle mode prône le travail  jusqu'à la mort ou peu s'en faut, entendons-nous le faux travail, exclusivement intellectuel, de ceux qui se croient irremplaçables et n'ont jamais assez de ce fric dont ils ne savent que faire, je vois mal en effet des ouvriers champions du marteau piqueur pouvoir continuer d'en jouer jusqu'à 70 ans et davantage.. Il va donc falloir très bientôt prévoir des services de transport de personnel par ambulance et prévoir dans les bureaux des armoires géantes à médicaments et des services infirmiers à tous les étages alors que dans le même temps le chômage s'accroît, normal puisqu'on fait tout pour qu'il s'accroisse! Dernièrement une de mes vieilles tantes est morte, elle était loin d'être très âgée mais les derniers mots qu'elle m'a confié m'ont ravigoré: "Je suis contente de mourir, de ne plus souffrir, j'ai fait mon temps, j'ai vécu ma vie, place aux suivants, je préfère m'en aller maintenant plutôt que de continuer à vivre à moitié et d'embêter tout le monde." Ces paroles m'ont en effet rajeuni de plus de cinquante ans. J'ai en effet eu le privilège de naître à la campagne en un temps où les paysans travaillaient dur mais avaient une foi simple et robuste, un solide bon sens et un seul médecin, jamais pressé, pour toute la région, circulant en cariole, tirée par un beau cheval que j'ai rarement vu trotter, seulement quand c'était grave, c'est-à-dire seulement quand une personne jeune, active, était en grave danger, complication d'accouchement que la sage femme n'arrivait pas à résoudre, accident de travail, fracture pour un homme. Pas question par contre de se précipiter au chevet d'un vieux mourant, pour les bobos les remèdes de bonne femme des religieuses du couvent suffisaient amplement à la tâche, plus une vie naturelle, saine, joyeuse et intense où les mots stress et dépression n'avaient pas lieu d'être employés. Au moindre reproche, le toubib n'était pas assassiné pour oser dire platement la vérité à son patient impatient: "T'es vieux assez pour faire un mort, si tu ne te retapes pas, c'est que tu as fait ton temps, c'est que tu n'es plus pour moi, mais pour le curé." C'est vrai qu'alors les gens mouraient plus tôt, à la première attaque cardiaquepar exemple, ils n'étaient pas comme aujourd'hui maintenus artificiellement dans une fausse vie, il est vrai aussi qu'ils ne craignaient guère la mort, seuls devenaient vraiment vieux ceux qui restaient jeunes, qui pour une raison ou pour une autre conservaient un corps robuste leur permettant de continuer de collaborer effectivement, leur suprême honte était d'être une charge pour les leurs, les pensions étaient misérables quand seulement elles existaient, les temps ont bien changé. Ce jour d'hiver et d'épais brouillard, je fus très intrigué par certain bruit dans le pré voisin. N'y tenant plus, je m'approchai de sa provenance et vis mon vieux voisin de 93 ans occupé à couper à la cognée un gros arbre. Une autre fois qu'il dégelait, que la neige avait bien fondu, que les chemins redevenaient praticables, je le vis passer à vélo, il erut le temps de me lancer: "Je vais voir ma belle!" Il était veuf depuis quelque temps, il allait effectivement voir sa nouvelle fiancée, à 12 kilomètres de là... Il est mort un peu avant ses cent ans, très fier d'avoir passé sa vie sans voir un médecin, hormis celui qui l'avait soigné de sa grosse blessure de guerre 14-18 qui l'avait laissé boiteux. En tout cas j'espère moi aussi bien vieillir ou à défaut ne pas vieillir du tout, je ne tiens pas à porter la responsabilité de l'échec des jeunes dont l'avenir est plombé par le fait que notre monde occidental est submergé de vieux égoïstes qui refusent à toute force de passer le relais: à partir du moment où les jeunes n'ont plus la certitude de pouvoir faire leur vie normalement, de pouvoir fonder un foyer, avoir des enfants, un toit en toute sécurité, ce qui devrait tout de même être la moindre des choses, il va de soi qu'une société qui installe la majorité des jeunes dans la précarité est une société condamnée à court terme. En conséquence, je ne m'étonne pas qu'il y ait autant de violence aujourd'hui, autant de jeunes qui se droguent, qui se noient dans toutes sortes de mauvais exutoires, je m'étonne seulement qu'il y en ait si peu ,et franchement je les plains! J'ai des enfants, des petits-enfants, je ne voudrais plus avoir leur âge car la question que je me pose quand je vois cela, même si moi aussi dans mon for intérieur je peste quand le boucan des jeunes m'empêche de dormir et si j'ai peur quand je risque d'être agressé, est celle-ci: à la place de ces jeunes ferais-je mieux? Quelle chance j'ai eue! J'ai connu mai 68, le dernier temps joyeux, de l'espoir fondé d'une révolution, d'un retour à l'harmonie, à la beauté et à la grandeur de la vie humaine avant la chape de plomb et de sinistrose imposée par une bande de détraqués. J'ai un jour perdu mon emploi, j'ai simplement acheté le journal, coché les offres les plus intéressantes, j'en ai sélectionné 17, 11 réponses positives dans les 8 jours suivants alors que je n'étais même pas universitaire ni très spécialisé, tout mon problème fut seulement de répondre au mieux à cette question: lequel de tous ces boulots choisir? ...

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Commentaires
D
J'aime bien la première partie de l'analyse (sur le le déclin d'un continent qui pense être la fin de tout), par contre même si tu as la soixantaine, je suis un peu gêné par cet âgisme, la cause de cette surmédicalisation est aussi la solitude, qui plombe le système nerveux et ne laisse aux soignants, à défaut d'avoir du temps à consacrer, pour parler, s'intéresser, écouter, que celui d'administrer une ou deux plaquettes, dont on se dit qu'elles feront l'affaire, et je le suis encore plus quand tu ressors le cliché d'un mai 68 panégéryque, alors que cette pseudo-révolution a justement conduit à sacrifier le spirituel au culte du matérialisme et du nombrilisme.
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