Poésie
Ecrit cette chanson aujourd'hui:
Poésie
Sans gloire,
sans exploits, sans nom, sans croix, sans fard,
Je suis ce
héros-là qui pour tout étendard
Aux yeux a
une larme et au front une ride.
Celle-ci se
fatigue et l'autre voit le vide.
Je suis ce
pauvre-là, riche d'une beauté
Qu'il s'arrête
à chercher et qu'il vient d'effleurer.
Je cherche
celle-là, et misérable, et drôle,
Je la sais
tout partout mais toujours je la frôle.
Elle habite
par là, passé plus d'un vrai mot,
Aux rimes se
mettant toute raison à dos.
Elle fait
doux baisers les grands vents de nos plaines,
S'échappe du
printemps, sourit dans nos fontaines.
Jamais on ne
l'a vue, elle est d'une splendeur,
Dans ce
brasier sans flamme il règne une douceur!
Par la vie
elle va, elle entre en chaque vie,
Un jour elle
m'a dit s'appeler "Poésie".
Si loin me sembles-tu, et tout autant si près.
Serais-je seulement si toi-même n’étais ?
Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Où vas-tu, poésie ?
Et pourquoi donc es-tu si belle, poésie ?
Je suis de nulle part et je suis de partout,
Je suis bien moins
que rien et pourtant je suis tout.
Je ne vais ni ne viens, je suis plus que mystère,
Ne serais-je secret, je ne pourrais t’attraire.
Je suis le vrai sans fond de l’au-delà des yeux,
Cet infime infini qui déborde des cieux.
J’entre sans cesse en toi par l’air que tu inspires,
Je suis l’essence
pure après quoi tu soupires.
Sur ton miroir piqué je me reflète un peu,
Je suis l’or de l’esprit, du cœur le puissant feu.
Sur ton désespoir creux se gavant de souffrance,
Je lance des rayons effaçant l’ignorance.
Je te dis : « Tout est moi. » Je te dis « Tu es moi. »
Mais ton ego te cache et point tu ne me crois.
Tu cours tous les désirs, tu cours tous les mirages,
C’est égal, j’attendrai que tu deviennes sage…
Pourrai-je jamais être un peu ce que tu es ?
Parviendrai-je jamais au pied de ton parfait ?
Je voudrais te savoir toujours plus, poésie.
Oui, dis-moi toujours plus qui tu es, poésie.
Je suis le jour sans nuit, je suis la mort qui vit,
Le silence qui parle et l’arbre qui sourit.
Je suis l’ombre qui luit, je suis l’espace en cage,
Je suis l’être sans corps, je suis le temps sans âge.
Je suis la foi qui sait, je suis le vide plein :
L’impossible avec moi sans grand-peine s’atteint.
Je suis l’oiseau qui nage et la fleur qui palpite,
Le rêve sans sommeil et le bord sans limite.
Je suis toutes les voix du chœur universel
Interprétant sans fin les accords du réel,
Et ses mille couleurs, ses mille fantaisies
Multipliant l’unique absolue harmonie.
Oh toi qui te crois toi, laisse-toi être moi.
A m’être enfin soumis, deviens enfin ton roi.
Ris vraiment quand tu ris, ris encor quand tu pleures,
Qu’à jamais dans mon beau disparaissent tes leurres…